Chapitre 21 : Les derniers instants de la reine.

Les jours s'écoulaient dans un calme relatif depuis qu'Alice et moi étions sorties au parc, avec toujours cette peur morbide au fond de moi ; mais bientôt, tout allait s'accélerer...

" Pardon ? Tu n'es jamais là, tu ne t'occupes ni de ta fille ni de la maison et c'est moi qui ne fais pas d'effort ?
- Il n'y a rien à part Ludmilla et ton travail ! Tu ne penses jamais à moi ! "

" Enfin Paris, comment veux-tu que je fasses quoi que ce soit te concernant ? Lorsque tu es à la maison, c'est pour boire et regarder la télé ! Tu profites de maman et moi toute la journée et tu disparait on ne sait où ! "

" C'est vrai ça, tu ne me demandes jamais où je vais...
- Parce que c'est de ma faute, en plus ?
- C'est toi qui m'as imposée une vie dont je ne veux pas ! Je n'y peux rien si je suis malheureuse ! "

Les disputes étaient seules à briser le calme relatif de ces derniers jours, à tel point qu'elles en devenaient une part essentielle de la routine.

Avec elles bien sûr, les larmes et les cris de Ludmilla. Lorsqu'Alice était trop profondément endormie ou absente, il fallait avouer que personne ne se souciait d'elle dans ses moments. Comment rassurer une petite fille alors que ses parents se hurlent dessus dans la pièce à côté ?

Tout va bien ma puce, c'est bientôt fini... je suis là tu sais...
" Papaaaaa ! "

Il fallait souvent une bonne heure avant que les cris ne cessent et que Ludmilla puisse se recoucher, les larmes séchées mais sans doutes le coeur lourd.

Elton...
" Oh Rise, s'il te plaît pas maintenant, je suis fatigué et j'ai un horrible mal de tête... "
Très bien. J'ai recouché Ludmilla, elle s'est endormie.
" Merci Rise. Je suis désolé pour tout ça... "

Tu sais que je partage de point de vue de ta mère, Elton. Tout ça dure depuis trop longtemps...
" Je sais que c'est long... mais il faut du temps pour qu'elle se remette de tout ça, elle est malheureuse... "
Vous passez votre temps à vous faire des repproches... tu l'aimes encore ?
" S'il te plaît, je n'ai pas envie d'en parler maintenant. "
Comme tu veux, Elton. Mais penses y, pour ta fille...

Cette nuit encore, Elton dormirait sur le canapé...

Alice, Alice, est-ce que tu es vraiment obligée de faire de si grand geste pour couper des oignons ?
" Non, pas du tout ; mais j'adore ! "
Et pourquoi est-ce que tu cuisines sur le lavabo ?
" Ah, ça ? Aucune idée. "
Mon dieu... tu m'inquiètes.

" M-maaman, tu as fais du poulet ?
- Oui, pourquoi ?
- C'est... on-on est le matin, tu sais...
- Et alors ? Le poulet, ça se mange non ? Alors où est le problème ? Mon dieu, vous faites tous une de ces têtes ! "
Tu ne peux pas voir ma tête, je te rappelle. Ma pauvre Alice, ne me dis pas que tu pers la boule...
" Mais pas du tout ! "

" Ma foi, pourquoi pas ! Tu cuisines bien de toute façon, alors ce n'est pas un problème. "
Famille de fous;
" En parlant de famille, Elton ; je me répète, mais quand est-ce que tu vas prendre une décision par rapport à Paris ?
- Ah non ! Tu ne vas pas recommencer...
- Mais enfin, ça ne peux plus durer...
- Elle est malheureuse, maman.
- Parce que toi tu es heureux, peut-être ? "

" Mon chéri, je veux te savoir heureux lorsque je partirai...
- Maman, ne dis pas des choses comme ça !
- C'est pourtant vrai ! C'est avec Paris que tu compte diriger ta famille ? Sérieusement ? C'est avec elle que tu veux passer le restant de ta vie ? C'est elle que tu veux pour mère de ta fille ? "

Mais c'était une discussion sans fin.

" Maman est... "
Inquiète.
" Trop inquiète ! Rise, je gère... "
Mmh.
" Regarde, j'ai même eu le temps de prendre ma douche et de préparer le petit déjeuner de ma fille avant de partir au travail. "
Mais pas de t'habiller... très joli caleçon, au passage.

S'occuper du jardin, veiller sur Ludmilla, travailler, faire le ménage : c'était là tout le secret de la maisonnée Artson. Rien de très intéressant, si ce n'était la morosité ambiante. Venait mettre un peu de piments les excentricité d'une Alice vieillissante.

" Il est pour qui le bon sandwich au beure de cacahuète ?
- Ludy !
- Et oui, il est pour Ludy ! "

C'est bon ?
" Oui ! "

L'enfant, de nature joyeuse, n'avait heureusement pas perdu son sourire... elle bénéficiait, malgré le chaos ambiant, de tout l'amour de son père et de sa grand-mère - de moi, aussi.

" Tu donnes tes mimines à Mamie ? De jolies mimines qui vont être toutes propres... "

" Ah... Rise, tu te souviens lorsque je baignais Elton ? "
Oui, et chaque fois tu t'inquiétais d'à quel point il grandissait...
" Normal ; c'était mon petit bébé. "
" Mais la petite Ludy, elle a encore le temps de grandir ; c'est une toute petite fille ! "

" Dah !
- Mais oui ma chérie ! "

Ludmilla adorait les longues journées passées avec sa grand-mère, parce qu'elles faisaient de nombreuses activités, physiques ou intellectuelles. Alice avait toujours adoré s'occuper des enfants, et je la savais aux anges.
Qui donnerait tant d'amour à la petite fille lorqu'elle ne serait plus là ?

" Et là, il demanda à la lune, sans que le soleil ne le sache...
- Quoi ?
- Attend un peu. Il lui montra ses blessures qui ne guérissaient pas, et la lune se moqua de lui, parce que-...
- Mamie, elle est bête l'histoire, la lune elle est pas méchante ! "

" Dis donc ma petite, c'est toi ou moi qui raconte l'histoire ?
- Ihihih !
- Bon. Il demanda à la lune si sa princesse l'aimait encore, mais...
- Comment elle sait si elle l'aime encore Mamie ? Et elle sait si maman elle aime encore papa ? On peut lui demander ?
- Bon... euh... je crois qu'on devrait faire autre chose. Tu ne veux pas regarder des vidéos sur ta tablette ?
- Oui ! "

C'était maladroit...
" De lire cette histoire ? "
De ne pas lui répondre.
" Et que voulais-tu que je dise, Rise ?  C'est de ses parents qu'elle veut des réponses... "

" ... et c'est pour ça que le chat et le bébé restèrent les meilleurs amis du monde, comme Rise et moi.
- Je veux un chat, moi aussi !
- Oh, ma chérie, tu sais bien que ça n'existe que dans les livres les chats, comme les licornes et les dragons...
- Beuh !
- Allez, tu vas faire un gros dodo maintenant. Bonne nuit, ma petite. "

" Je suis mort. Vraiment. "
Ta journée a été dure ?
" J'ai été repéré par une agence. Ils veulent que je fasse des jingles pour les revendre à leurs clientes... des jingles, franchement ? Je veux être musicien, pas travailler dans la pub... "
Je comprend.
" Bah ; au moins, c'est mieux payé, et plus de public stupide. "

Alice ?  Tu m'as appellée ?
" Mmh ?  Oh, oui..."
Elton a eu une promotion.
" Ah ? C'est bien, ça, il va pouvoir assurer le confort de sa famille... "
A-Alice.. ?
" Je t'ai appellé pour... Rise, je crois... je crois que... "

Alice !
" A-ah... ça fait mal... "
Alice, dis moi ce que je peux faire ! Laisse moi t'aider !

" Rise, c'est le moment... tu as promis, souviens toi... je suis déolée... "
Alice, non...
" Merci pour tout... je t'aime, Rise... "

A-Alice ! Non ! Non non non ! Pas question ! Elton !

Elton ! Elton, viens vite ! C'est ta mère !
" Quoi ? "
Vite, dépêche toi, dans le hall ! Elton, vite !

" Oh ! Mais c'est Rise ! Dis moi, ça faisait longtemps. Je croyais que tu avais arrêter d'être observateur... "
J-j'étais en congé...; écoute, est-ce que tu pourrais lui laisser encore un peu de temps ?
" Ooooh, Rise, ce n'est pas bien ce que tu fais, tes superieurs ne vont pas être contents... "
Je...

" Attendez ! Ô grande faucheuse !
- Tiens, tu peux me voir toi ? Ah, les sims ayant le don m'étonneront toujours... tu dois bien t'amuser, Rise... "
S'il te plaît...

" Je vous en prie, laissez un peu de temps à ma mère... "
Par pitié...