Chapitre 26 : Les relations, c'est compliqué.

Ce matin là, dans l'appartement, personne. Pas un sim. Luthilde à l'école, Darsh chez elle, Elton... disparu.
Je le retrouvai confortablement assis dans un taxi, comme ça, sans m'avoir prévenu. Mais où donc allait-il ?

Le quartier chic. Ni plus ni moins. Les hauts toits qui dominaient tout San Myshuno, la demeure des sims plus riches que je ne le serais jamais ; c'était vrai, les sims avaient parfois des vies plus qu'enviables... peut-être était-ce pour ça que certains observateurs les torturaient ?

Elton avait visiblement décidé de se réfugier dans un bar - tout à fait modeste - du quartier : machine à karaoké et piscine intégrées.

Il y retrouvait ses amis de toujours, soit Vivaan, Jacque et Akito. Une bonne soirée entre homme, puisque les deux filles du groupe avaient étés un peu évincées par leurs histoires réspectives avec Elton. Je le soupçonnait d'ailleurs de préférer se noyer dans le jus pour éviter de penser à Darsh...

" Alors les gars, quoi de neuf ?
- J'ai rencontré quelqu'un.
- Non, pour de vrai ? C'est du sérieux, tu veux dire ? Du vrai sérieux, avec une relation, où tu laisses ta brosse à dent chez elle ?
- Je crois bien, ouais...
- P*tain, Jacque, ça y est ! Tu te poses enfin !
- Et toi alors Aki ? Avec Louise ?
- Raaah, j'en sais rien... je crois qu'on est pas faits pour être ensemble, tu vois, y'a une distance, on a pas les mêmes envies... "

" Je croyais que tout allait bien entre vous ? Que c'était une déesse du crac-crac ?
- Ouais, carrément ! Le truc, c'est qu'elle veut qu'on vive ensemble. Pour de vrai de vrai, tu vois... et je sais pas, je trouve qu'à trente ans, c'est un peu tôt... ça me fait franchement flipper, j'me sens pas prêt. Tu vois ce que je veux dire, mec ?
- Oh, ça oui... "

Les petites histoires de coeur que chacun vivait tant bien que mal ne suffirent pas à anihiler leur bonne humeur, et la journée fut joyeusement arrosée de jus ; l'occasion pour Vivaan de montrer à Elton qu'il était lui aussi très doué avec un micro... ehm.

" C'est l'histoiiiire de la viiiie !
- Le cycle éterneeeeel ! "
Vous ne savez même pas d'où vient cette chanson...
" C'est vrai, ça, c'est toi qui la chantait quand j'étais petit... d'où est-ce qu'elle vient ? "

Si l'amour était compliqué pour Elton ou Akito - et nouveau pour Jacque -, Vivaan semblait lui heureux dans sa relation. Amandine.

" Elle est chouette, mec. T'as bien choisi.
- Ouais... c'est vraiment une fille chouette. Drôle, ouverte, fidèle...
- Une déesse du crac-crac ?
- T'as pas idée ! Et Darsh, hein ? Le crac-crac ? "

" Franchement... t'es sûr que c'est utile d'en parler ? Puis comment t'es au courant qu'on ? Enfin, qu'on a...
- Ta fille.
- Qu-quoi ? Ludy est au courant ? Qui lui a dit ? "
Eh, je n'y suis pour rien moi !
" Relax, personne. Elle pense juste que c'est ton amoureuse. J'en ai déduit que vous... enfin, tu vois. C'est du sérieux ?
- J'en sais rien. Vraiment rien. Elle... au début, c'était juste pour s'amuser. Parce qu'on avait personne dans notre vie. Elle a été tellement présente avec Ludy, à la maison... depuis que j'ai quitté Paris, elle a pris une place énorme dans notre vie. "

" Mais dans ta vie à toi ? Bien sûr qu'elle a une place de mère pour Ludy, un truc comme ça... mais toi ? Tu veux être avec elle ? Avoir un avenir, quelque chose comme ça ?
- Raaah, je sais pas ! C'est super compliqué ! Et puis t'imagine le choc pour ma fille ? Remplacer sa maman, comme ça, d'un coup ? On a toujours védu tous les deux, et... elle s'y attend pas, tu comprends ? Si je suis avec Darsh, je pourrais la délaisser... "

" Mec, écoute, je te connais. Là, tu te cherches des excuses.
- Rien ne dit qu'elle veut quelque chose, elle.
- Eh ! Elle t'aime, ça crève les yeux. Elle adore Ludy et c'est réciproque. De quoi t'as peur, hein ? Elle va pas se barrer pour écumer tous les bar à jus de fruit de la région, elle... sans dec, mec. C'est pas Paris. Tu sais que c'est une fille bien.
- Ouais, c'est juste... j'en sais rien. "

Bien sûr que Darsh n'était pas Paris. Elle était sérieuse, équilibrée. Je ne doutais pas de ses sentiments pour Elton - et si Alice voulait qu'ils aient une relation, alors c'était certainement une bonne chose. Les mères avaient toujours raison.

Bonjour, Ludy !
" Rise ! Tu veux jouer avec Blarffy et moi ? "
Blarffy ? Qu'est-ce que c'est que ce nom ?
" J'en sais rien, ça m'est venu tout de suite quand j'ai commencé à jouer avec. Comme si c'était un nom prédéfini, tu vois ? Mais c'est normal ! Après tout, on appelle du pain du pain, parce que ça s'appelle du pain, c'est ainsi, on ne se demande pas pourquoi. C'est pareil, non ? Certaines choses ont un nom naturellement défini par les générations précédantes. "
Euh... oui. Ton père est là ?
" Non, il travaille. Darsh est au salon, je crois. "

En effet, Darsh était au salon, loin des réflexions existencielles de Ludmilla. Chaque fois qu'elle venait, elle s'adonnait aux tâches ménagères de la maison. Elle n'avait rien à y gagner ; seulement d'aider Elton. Si ce n'était pas de l'amour, ça !

C'était vrai : Ludy adorait Darsh. Elle l'autorisait à aller sur l'ordinateur la journée, et elle faisait de la patisserie ensemble. Elton aimait sincèrement et profondément sa fille mais il compensait ses nombreuses absences par une surprotection.

Qu'est-ce que tu fais, ma puce ?
" Je parle avec des gens sur un blog... "
Un blog ? Un blog sur quoi ?
" C'est une fille trop hyper cool qui raconte sa vie au collège ! Là, elle raconte qu'elle a quitté son petit copain parce qu'il a parlé à son ancienne meilleure amie qui est sa pire ennemie. Tu te rends compte comme c'est trop un nul ? "
Euh... oui, oui, vraiment.
" Pff... j'aimerais trop être au collège moi aussi, je m'ennuie en primaire. Quand est-ce que j'aurais onze ans, Rise ?"
Il va falloir attendre quelques années encore...

Darsh permettait aussi de manger des plateaux télés, devant la élé - et pas toujours des films en noir et blanc. Elle avait un petit côté jeune qu'Elton s'était forcé à perdre pour parvenir à élever sa fille de la façon qu'il pensait être la meilleure.

" Bonsoir !
- Papa ! Viens voir, on est entrain de regarder Zoosimpia !
- Eh bien, ça a l'air fantastique... bonsoir, Darsh.
- Elton. "

Tous deux s'évitaient clairement depuis la fameuse allusion de Ludmilla, demandant si Darsh pouvait être sa maman. Il y avait un malaise certain.

" Tu as passé une bonne journée, ma puce ?
- Oui, ça va ! J'ai presque eu un A, aujourd'hui.
- Tu es vraiment très forte, tu sais ? "

Mais Ludy n'était pas aveule face aux récents changements...

" Rise ? Papa et Darsh sont fachés ? Pourquoi, dis ? Est-ce que... c'est parce que j'ai dis que je voulais qu'elle soit ma maman, dis ?  "
Ludy, non.. ce n'est pas... ce n'est pas de ta faute. Ton papa et Darsh s'aiment beaucoup. Et ils t'aiment aussi.
- Pourquoi ils sont fâchés s'ils s'aiment ? Les adultes, quand ils s'aiment, ils font crac-crac non ? "
Que-... enfin, où est-ce que tu as entendu ça ? Tu sais ce que c'est, crac-crac ?
" Euh... non. C'est un truc que les adultes font quand ils s'aiment. Je l'ai lu sur le blog de la fille qui est au collège... "
Eh bien, c'est... quand ils s'aiment, les adultes se disputent aussi. Parfois, je me dispute avec ton papa moi aussi. Parce qu'on est pas d'accord sur certaines choses. Mais je l'aime beaucoup quand même. Ton papa a eu très mal quand ta maman est partie. Maintenant, il a peur.
" Mais Darsh, elle va jamais nous abandonner ! Pas vrai, Rise ? "

Quelques jours passèrent encore, avec toujours ce même froid entre les deux figures parentales de l'enfant. Elle tâchait de ne pas trop s'en montrer pertubée et ne m'avais plus posé de questions. Avait-elle compris ?

" Dis ? Tu pourrais demander à papa si je peux aller chez un copain cet après-midi ? Si c'est moi qui lui demande, il ne va pas vouloir... mais peut-être que si tu promet de venir avec moi, ce genre de chose. "
Ludy...
" Oh, s'il te plaît ! Je ne sors jamais de cette maison, Rise ! "
Je vais voir ce que je peux faire.

" Bonjour papa !
- Bonjour, ma puce... "
J'aime vraiment toujours autant tes caleçons, Elton.
" Bonjour Rise... "

Elton ? Ludy aimerait aller chez un copain de classe aujourd'hui. Bien-sûr, j'irais avec elle.
" Mmh... elle a fait tous ses devoirs ? Tu le connais, toi, ce copain ? "
Elton. A son âge, tu passais toutes tes journées sur la place. Elle peut tout de même aller chez un ami.
" Justement Rise ! On a fait des bêtises, des choses qui auraient pu être dangereuses... je m'inquiète pour elle. "
Je ferai attention.
" Mmh... très bien. Revenue à dix-huit heure ! "

Ludy, c'est bon, on peut y aller ! Mais qu'est-ce que...
" Dites donc jeune fille ! Des gens vivent à côté de chez toi, tu pourrais faire moins de bruit ! C'est ton papa qui chante sous la douche ? Tu as vu l'heure ? "
Tiens, ce sont les voisins qui se plaignent maintenant ?

" Non mais oh ! T'es gonflée, madame ! Vous nous réveillez presque tous les soirs avec votre musique et vos drôles de petits cris ! Vous avez quand même du culot de venir nous embêtouiller le matin ! On est des honnêtes gens, nous, on se lave le matin avec bonheur ! "

" Que-... non mais il t'a appris la politesse, ton père ? Espèce de petite peste ! "
Ludy, chérie, tu devrais peut-être te préparer pour partir, non ?

" Non mais j'y crois trop pas ! Ils font tout le temps du bruit et ils se plaignent dès qu'on prend une douche ! "
Je sais bien, ma puce. Hem... comment il s'appelle, ton copain ?
" Yann Kumar. Et c'est pas vraiment mon copain... "
Ah ?
" Oui. Tu te souviens, c'est celui que je t'avais dis qu'il savait même pas faire des additions à deux chiffres ? Bah c'est lui. Il faut que je l'aide pour les devoirs, c'est la maitresse qui l'a dit, parce que je suis la plus forte de la classe. "
Oh, je vois...

Ludmilla était donc allé chez son fameux camarade, qui vivait dans un immeuble voisin, toujours dans le quartier des arts.

" Oh ! Tu es Ludmilla, c'est ça ? Yann m'a dit que tu devais passer...
- Oui, c'est bien moi. Vous êtes la maman de Yann ?
- Non, je suis sa tante. Il t'attend au salon ! "

Ton copain vit avec sa tante ?
" Ce n'est pas mon copain ! "
C'est si honteux d'être sa copine ?
" Oui ! Il est pas intelligent, il a de mauvaises notes et les gens l'aiment pas à l'école. Si les gens ne l'aiment pas, c'est bien qu'il y a une raison. Eh beh, ils ont une de ces maisons... "
Mmh...

Alors c'est lui, Yann ? Ce petit roux ? C'est peut-être pour ça que les gens ne l'aiment pas, non ? Parfois les enfants n'aiment pas les gens différents...
" Son frère aussi est roux, mais lui est trop cool ! Il est en dernière année de primaire et il est trop intelligent. "
Essaie peut-être d'apprendre à le connaître, chérie. Parfois, les gens se font une fausse idée des autres... tu es trop intelligente pour faire ça, toi, n'est-ce pas ?
" Mmh... je vais voir. "

" Merci beaucop d'être venue Ludmilla... j-je... je suis désolé que la maitresse t'ai demandé à toi, c'est gênant...
- Ne t'en fais pas, je suis très intelligente, alors c'est normal que je t'aide !
- Oh, euh...
- Quoi ?
- C'est juste que... c'est un peu vexant que tu dise ça. Je ne suis pas bête, tu sais.
- C'est pas ce que j'ai dis !
- Oui... j-je... euh... désolé. Mais ça fait un peu... comment on dit... arrogant.
- Oh. Excuse moi. "

" C'est pas grave ! C'est vrai que tu es très intelligente ! J'aimerais bien être intelligente comme toi.
- Bah, peut-être que tu vas pouvoir ! C'est pour ça que je suis là aujourd'hui, après tout. C'est en maths que tu as le plus de mal, c'est ça ?
- Oui... c'est vrai que tu sais faire des division ?
- Euh... un peu, oui. On m'a appris, je trouve que c'est assez simple.
- C'est super cool ! Tu dois avoir plein d'avance sur les autres...
- Tu trouves ça cool ?
- Oui ! Bien sûr ! Pas toi ?
- Si, mais... quand j'en parle à d'autres copains, ils trouvent pas ça très intéressant.
- Moi, je trouve que tu es une fille super intéressante ! Je te parle jamais et je sais qu'on m'aime pas trop à l'école, mais je t'admire beaucoup ! "

" Bon, euh... on devrait peut-être faire ces maths ?
- Oui ! Mon frère est dans la chambre et il n'aime pas qu'on le gêne, alors on va devoir rester dans la cuisine ou le salon...
- Oh ? Mais c'est ta chambre aussi, tu as le droit d'y aller !
- C'est lui le plus grand, c'est lui qui commande. Je vais allez chercher mes livres, ok ? "
Alors, ma puce : il est aussi nul que tu le pensais, Yann ?
" Non... il est bizarre, c'est vrai ! Mais il est peut-être pas si bête que le disent mes copines. "

" Tu vois, quand tu as deux bonbons et que tu en ajoute deux, ça fait quatre.... Fois deux, c'est pareil ! C'est ajouter le même chiffre une fois. Deux fois un nombre, tu vois ? Et fois trois, c'est trois fois ce nombre.
- En gros, fois trois, c'est deux plus deux plus deux ?
- Oui, c'est ça ! Du coup, neuf fois onze ?
- Euh... onze, plus onze, plus onze, plus onze, plus onze, plus onze, plus onze, plus onze, plus onze ? Et ça fait... quatre-vingt-dix neuf !
- Oui, voilà !
- Merci, Ludmilla ! C'est plus simple de retenir les tables de multiplication quand on comprend comment elles marchent... "

" Oui ! Et les divisions, c'est tout pareil ! C'est l'inverse. Au lieu de faire fois plus, tu fais fois moins.
- Hein ?
- Eh bah... tu vois, onze fois neuf ça fait quatre-vingt-dix-neuf ! Une division, c'est se demander combien il y a de fois neuf dans quatre-vingt-dix-neuf. C'est super simple ! "

" Euh... ouais. Sûrement. "

Au final, l'après-midi passa très vite et je sentis bien qu'une véritable complicité entre Ludmilla et Yann était née. J'étais certaine qu'elle était d'ailleurs beaucoup plus à l'aise avec lui qu'avec ses copines, avec qui elle se forçait de parler de choses qui ne l'intéressait au fond pas vraiment...

" Merci encore, Ludmilla...
- De rien ! Je t'aiderais encore si tu veux, et puis toi aussi tu pourras venir chez moi. Je te montrerai les jeux que j'ai sur ma tablette !
- J'ai vraiment hâte, oui ! Je suis sûr que je suis meilleur que toi à Blic-bloc !
- Ah, on verra ça ! "